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Aujourd’hui, à l’école, j’ai eu un problème. Un gros problème à résoudre. Le temps me manquait, déjà la cloche résonnait, annonçant la récréation et le moment fatidique où je devais rendre mon devoir et mon problème était intact, là, sous mes yeux. Une histoire de bateau qui possédait Y voiles et Z hommes d’équipage et (x-1) d’ancres à bord qui naviguait depuis a² et remontait le n +3 fleuve, et je devais absolument trouver l’heure exacte à laquelle il accosterait.
Dehors, le long du terrain vague coulait la rivière et je me demandais en suivant le cours d’eau du regard à quoi pouvait bien ressembler un bateau avec Y voiles et (x-1) d’ancres lorsque brusquement une lettre me rappela à l’ordre et un chiffre se mit à crier. Visiblement mécontents l’un l’autre de mon manque de concentration, ils me déclarèrent qu’ils voulaient savoir, eux, à quelle heure ils arriveraient.
Je tournais la tête dans leur direction mais ils semblaient danser au gré du vent où les flots les portaient, virevoltant autour des Y voiles que les (x-1) d’ancres empêchaient de filer vers l’horizon et je ne pus maintenir mon attention.
Alors les Z hommes d’équipage m’ordonnèrent de prendre l’air inspiré, que ma respiration n’empèse pas l’atmosphère de mes (a+b) (a-b) qui indéniablement risquaient de faire remarquer au capitaine mon a²-b² de distraction.
Ce qui conduirait à mon exclusion de la classe et provoquerait le naufrage du bateau qui engloutirait les Y voiles et les Z hommes d’équipage et bien d’autres choses encore que mon professeur n’avait pas cru bon ni de nommer, ni de compter, et pourtant qui existaient. Le gouvernail aurait pu devenir v+t A3 (pour simplifier) et ainsi de suite. Pourquoi les a-t-on oubliés ?
Je rajoutais le p-4 de mâts et le u (a2) de coque pour aller avec l’ensemble. J’additionnais puis je soustrayais mais il ne se passait rien. J’arrivais toujours au même point du problème. Le point de fuite, alors qu’il suffisait de lever les (x-1) d’ancres et de partir au loin. De l’autre côté du n +3 fleuve pour qu’il ne revienne plus ce bateau improbable. Avec ses Y voiles invraisemblables dans lesquelles aucun vent ne s’engouffre, ne souffre de venir les gonfler, avec son problème. D’ailleurs le u (a2) de coque devait aussi avoir un problème. Ainsi que Z hommes d’équipage car en plus de leur problème commun ils avaient également leurs propres problèmes.
Un tel imbroglio étant impossible à résoudre je refermai mon cahier. Mais (x-1) d’ancres n’était pas sèche et coula, emportant le navire au fin fond des souvenirs que l’on déchiffre, dans un décompte effrayant, les Y voiles disparurent, les p-4 de mâts également.
La réponse était donc évidente, noyé au beau milieu de ce problème terrifiant, les chiffres et les lettres s’emmêlant, menés par Z hommes d’équipage préoccupés, ce bateau n’accosterait jamais.

 

 

Muriel Roland Darcourt

www.murielroland.com

Monologue : Le Cours de Maths

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